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La guerre hybride : mirage conceptuel ou réalité de la conflictualité du XXIe siècle ?

La guerre hybride, un concept stratégique et tactique. Mirage conceptuel ou réalité de la conflictualité du XXIe siècle ? Photos de Pierre-Yves Baillet

Pierre-Yves Baillet (photographe), Marin Sorasso (rédacteur)

 

En 2006, la guerre hybride illustre le mode de guerre du Hezbollah, adaptant l’armement conventionnel à des tactiques irrégulières lui permettant de tenir tête à l’armée technologiquement et numériquement supérieure d’Israël.  En 2014, la guerre hybride caractérise la stratégie de puissance russe en Europe de l’Est. En décomposant le concept fourre-tout de la guerre hybride en deux versants, tactique et stratégique, il s’agit de comprendre en quoi ce concept peut caractériser des éléments clairs de la conflictualité au XXIe siècle.

 

Un reportage photo inédit de Pierre-Yves Baillet avec l’armée et les forces spéciales irakiennes.

L’expression « guerre hybride », dans la bouche des membres de l’OTAN notamment, sert à désigner les stratégies et les tactiques utilisées par le Kremlin pour faire valoir ses vues sur l’Europe de l’Est, et peser d’un nouveau poids militaire dans la région. En 2014, après la démission du pouvoir en place en février, l’Ukraine subit de violentes attaques cyber, les médias et réseaux sociaux partagent des informations pro-russes, et des troupes non identifiées foulent le sol de la Crimée. En mars, un « référendum populaire » permet le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie. Pendant que la guerre continue entre l’armée ukrainienne et les forces séparatistes à l’est du pays, dans le Donbass, l’Union européenne et l’OTAN exhument le concept pour qu’il désigne un mode d’action russe particulier : guerre de l’information, bataille cyber, utilisation de troupes non identifiées et de séparatistes locaux (proxies), utilisation de la politique par le biais d’un référendum.

Et pourtant, le terme a été forgé en 2005 par deux officiers supérieurs du Corps des Marines (USA)1 à une époque où les États-Unis sont impliqués en Afghanistan depuis 2001 et en Irak depuis 2003. Leurs adversaires, les Talibans et les nombreuses mouvances sunnites ou chiites se battant en Irak, utilisent des modes d’action irréguliers, et les États-Unis cherchent à développer la contre-insurrection. En effet, la guerre asymétrique, aussi appelée guerre du faible au fort ou guerre irrégulière, voit ces groupes sub-étatiques tenir tête aux troupes technologiquement supérieures pratiquant une guerre « conventionnelle » ou « régulière ». Il s’agit dès lors de poser un cadre conceptuel permettant de considérer ce type de conflit.  

       

Aussi, quel est le rapport entre une insurrection utilisant la guérilla pour monter une guerre asymétrique et les modes d’action de la Russie en Ukraine et dans le Donbass en 2014 ? Pour certains spécialistes, le concept « guerre hybride » est fortement déconnecté de ce qu’il désigne. Il est un concept vague et instrumentalisé. Il s’agit ainsi dans cet article d’étudier le concept sous toutes ses formes pour retrouver ce qu’il peut nous dire de la conflictualité au XXIe siècle.

Pour cela, nous partagerons notre réflexion en deux grands axes : la « stratégie hybride » puis la « tactique hybride ». Distinguons tout d’abord stratégie et tactique : la stratégie, dans son sens militaire, est l’art de la planification à l’échelle des opérations et des campagnes ; la tactique militaire, quant à elle, est l’art d’ordonner les troupes sur le champ de bataille, au contact de l’adversaire. Ces deux notions de la conflictualité peuvent s’appliquer à l’hybridité, et répondre à la question russe et à celle de la guérilla.

 

Une stratégie hybride : l’hybridité par le haut

La guerre hybride, un concept stratégique et tactique. Mirage conceptuel ou réalité de la conflictualité du XXIe siècle ? Photos de Pierre-Yves Baillet

Le sens le plus fréquemment évoqué récemment est bien celui de la stratégie hybride. L’hybridité stratégique, c’est le fait de mêler la stratégie purement militaire à d’autres champs d’action. D’après le document officiel du ministère des Armées, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017, l’hybridité permet :

« [L]e développement de stratégies totales ou “intégrales”, l’association de capacités militaires et non militaires et la combinaison de postures ambiguës, souvent qualifiées “d’hybrides”, de pressions directes et indirectes permettant d’agir depuis le temps de paix jusqu’au conflit ouvert. »

        Le brouillage entre temps de paix et de guerre est acté : la Russie, en 2014, n’entre pas officiellement en guerre, sans être totalement en paix avec l’Ukraine. Ces « postures ambiguës » se lient à un ensemble de capacités et de pressions dépassant le simple fait militaire : une stratégie multidimensionnelle se dessine, en utilisant la communication à grande échelle via médias et réseaux sociaux, mais aussi les outils donnés par l’économie, la politique, la diplomatie et même la culture. On pense aux transferts énergétiques entre les deux états, à la propagande active des médias d’opinion (Sputnik, RT) pour développer une « russité », et à l’utilisation du référendum.

        La guerre hybride répond ainsi au redéveloppement de ce qu’on appelle la stratégie de puissance2. Il serait réducteur de parler seulement de la Russie, qui accuse même l’Occident de pratiquer ce type de guerre3 : pour les Russes, en effet, l’extension de l’Union européenne et de l’OTAN dans leur zone d’influence, en Europe de l’Est, est une véritable agression, subie pourtant dans le cadre de la paix. Les mesures de punitions économiques infligées à la Russie représenteraient dès lors l’utilisation de leviers économiques puissants. Dans une vision élargie du terme, l’hybridation stratégique s’applique dans tous les cas à l’ensemble des grandes puissances : que penser en effet de la valorisation de l’American way of life par les médias, ou de l’utilisation de milices chiites iraniennes en Syrie pour soutenir le régime de Bachar el-Assad (Hezbollah) ?

 

L’hybridité stratégique est-elle nouvelle ?

 

La stratégie hybride revient ainsi, par le haut, à nous questionner à nouveau sur la stratégie de la puissance, et sur ce qui la caractérise. La volonté des États de se démarquer dans un monde qu’on pensait uni depuis la fin de la guerre froide marque en effet un effritement des institutions internationales, faisant le jeu des postures ambiguës. Cette stratégie a pourtant été théorisée sous d’autres noms, et caractérise dans l’angle du XXIe siècle ce que l’on a pu appeler grande stratégie, stratégie indirecte ou encore stratégie intégrale. Pour replacer la stratégie hybride dans l’état de l’art, il convient dès lors de revenir schématiquement sur ces trois notions.

        La grande stratégie, développée par Sir Basil Henry Liddell Hart dans Strategy (1954) inclut toutes les dimensions stratégiques que nous avons évoquées. Cette « grande stratégie » dépasse le simple cadre de la stratégie, et s’est appliquée notamment à la Seconde Guerre mondiale : idéologie, diplomatie, politique, économie.

        De même, la stratégie indirecte développée par le général André Beaufre dans Introduction à la stratégie (1963) indique les moyens qui s’offrent à une puissance pour se battre de manière non directe, évitant le feu nucléaire. Il s’agit aussi de jouer sur la communication de valeurs et, plus important, sur le respect apparent du droit international.

        Enfin, la stratégie intégrale de Lucien Poirier dans Essais de stratégie théorique (Fondation pour les études de défense nationale 1982) englobe le culturel, l’économique et le militaire. L’exemple phare du modèle de stratégie intégrale est celui de l’Union soviétique.

        On le voit, l’hybridation stratégique a déjà été pensée à de nombreuses occasions, et pratiquée de diverses façons dans l’histoire. Les conflits se parent souvent d’idéologie, de communication orientée, de pressions politiques diverses, d’asphyxie économique par le blocus. Les théories du XXe siècle insistent déjà sur le dépassement du droit international afin de poursuivre un conflit de manière indirecte. L’hybridité stratégique, pour être comprise, ne doit pas servir à désigner nommément une quelconque grande stratégie russe, par exemple, mais à désigner toutes les grandes stratégies liées à l’exercice d’une puissance. Ce n’est qu’à ce titre, ce n’est qu’en dépassant les cadres idéologiques, que le terme prend du sens.

 

Une tactique hybride : l’hybridité par le bas

La guerre hybride, un concept stratégique et tactique. Mirage conceptuel ou réalité de la conflictualité du XXIe siècle ? Photos de Pierre-Yves Baillet

Contrairement à la stratégie hybride, la tactique hybride est consubstantielle au terme forgé en 2005, qui s’est vu consolidé par l’attaque d’Israël contre le Hezbollah en 2006. Une armée supérieure technologiquement a attaqué le Liban, et le Hezbollah, financé en sous-main par l’Iran, a résisté avec un armement conventionnel et des tactiques irrégulières. Cette guérilla, ou guerre du faible au fort, a bloqué l’avance d’Israël, et a même fait de l’opération un échec.

« Notre supériorité conventionnelle [à savoir celle des États-Unis] donne aux acteurs étatiques et non-étatiques, par une logique irréfutable, la volonté de s’éloigner des modes traditionnels de la guerre afin de rechercher des compétences uniques ou bien des combinaisons inattendues de technologies et de tactiques pour gagner un avantage. (…) Les méthodes irrégulières, à savoir le terrorisme, l’insurrection, la guerre non limitée, la guérilla ou la coercition par les narco-criminels, prennent de l’ampleur et se sophistiquent (…) Ces challengers irréguliers veulent exploiter des avantages tactiques dans les lieux et les moments de leur choix plutôt que de jouer avec nos règles. Ils veulent accumuler une série de petits effets tactiques, les exagérer à travers les médias et la guerre de l’information4. »

        Deux éléments caractérisent ce type de tactique : le mode d’action et les capacités. Le mode d’action peut être la guérilla, avec la tenue d’espaces et des groupes de combat plus modulaires que ceux d’une armée régulière ; le terrorisme, avec la pratique d’actions clandestines visant à terroriser la population et à affaiblir les institutions, sans forcément être assorti d’une prise de territoire ; enfin le crime organisé, pour financer par le biais de trafics l’achat d’équipement, la maintenance, l’entraînement, ou encore le développement des activités.

        Quant aux capacités, elles se jouent à plusieurs niveaux. D’abord, les small arms and light weapons (SALW) ou armes de petit calibre, capables d’être produits en masse se propagent, se basant parfois sur d’anciens arsenaux, comme ceux soviétiques en Afghanistan (AK47). Ensuite, des « technologies duales » sont utilisées. Celles-ci permettent de détourner des objets utilisés dans le monde civil, par leur accessibilité, pour les transformer en armes : les drones artisanaux, les voitures piégées, les imprimantes 3D. Enfin, il est possible d’avoir des capacités de niveau conventionnel, notamment par la subvention. Les groupes subétatiques peuvent ainsi être équipés d’armements tels que des missiles et des équipements plus élaborés. On pense au Hezbollah, attaquant régulièrement Israël, ou encore la guérilla houthie au Yémen, capable d’attaquer le territoire d’Arabie Saoudite avec des missiles de facture iranienne. Ces deux groupes sont nommément financés, entraînés et équipés par l’Iran. Il est plus rare pour un groupe subétatique de pouvoir autofinancer son équipement conventionnel sans recourir à divers trafics ou à la mise en place d’une administration locale comme l’Organisation État Islamique.

        La définition initiale de la tactique hybride insiste aussi sur la place de l’information, qui est à la fois l’apanage de la stratégie et de la tactique hybride. En diffusant abondamment chacune des actions réalisées, elle permet d’avoir un impact plus important en matière de communication qu’en termes d’effets concrets : c’est d’ailleurs le mode d’action du terrorisme contemporain.

 

L’hybridité tactique est-elle nouvelle ?

La guerre hybride, un concept stratégique et tactique. Mirage conceptuel ou réalité de la conflictualité du XXIe siècle ? Photos de Pierre-Yves Baillet

En un certain sens, l’hybridité tactique répond à une série de nouveautés du XXIe siècle : transfert instantané de l’information, diffusion des « petites armes », dissémination des armes conventionnelles, utilisation des technologies duales venant du civil dans une ère où l’évolution technologique est prégnante. Toutefois, si l’on quitte le modèle technologique, l’hybridité a déjà été pensée et pratiquée bien avant 2005. Outre le fait que les armées intègrent bien souvent des éléments irréguliers harcelant l’adversaire, des frondeurs crétois en Grèce antique aux hussards du Royaume de France, divers modèles de pensée ont essaimé sur ce sujet.

        Récemment, Joseph Henrotin parle de techno-guérilla dans Techno-guérilla et guerre hybride : le pire des deux mondes (Nuvis, 2014). Il s’agit de mêler la pratique de la guérilla à des moyens technologiquement avancés. Cette pensée se fait l’écho des travaux sur les stratégies alternatives de Horst Afheldt ou de l’Essai sur la non-bataille de Guy Brossollet (Belin, 1985). Le premier a notamment travaillé sur le concept de techno-guérilla dans Verteidigung und Frieden (1976). Quant à l’ouvrage de Guy Brossollet, il milite pour rendre l’armée régulière modulable, déstructurée, pour résister notamment au feu nucléaire, rejoignant en partie l’idée de l’hybridation tactique.

        Thomas M. Hubert nous donne quant à lui l’opinion de l’historien avec la guerre couplée, dans Compound warfare : That Fatal Knot (2002). Les troupes régulières concentrent le combat en un point, les troupes irrégulières font se disperser les forces adverses. Aussi, la combinaison des deux donne des avantages tactiques certains, vérifiés historiquement.

        On voit donc que même si l’hybridité tactique existait avant 2005, étant une pratique répandue dans la conflictualité, elle permet de lier par le prisme technologique la guérilla et l’armée régulière.

 

Hybridation des conflits au XXIe siècle

 

On constate que la guerre hybride masque un sujet complexe qui mêle stratégie et tactique dans un ensemble englobant aussi bien la Russie que la guerre au Mali. On ne trouve la solution qu’en séparant l’hybridité stratégique de l’hybridité tactique. Les deux concepts, revivifiés, nous permettent de conclure sur la conflictualité au XXIe siècle. La guerre hybride, c’est mêler un ensemble de données non militaires et irrégulières à une conflictualité pensée au contraire en terme d’armée régulière. Bien utilisée, la guerre hybride est un moyen de se replonger dans la complexité des attitudes et des pratiques militaires, de sortir d’un carcan théorique basé sur un « modèle occidental de la guerre5 ».

La diffusion de la technologie, les médias de masse, les réseaux sociaux, les postures ambiguës des États, les attaques non-militaires et l’adaptation d’un équipement régulier à des tactiques privilégiant surprise et ruse illustrent un monde multipolaire et fracturé, où stratégies de puissance et conflits se maintiennent.

C’est dans cet ensemble sémantique que la guerre hybride marque son empreinte sur les conflits du XXIe siècle, sans idéologie spécifique. C’est un outil et un ensemble technique prégnant, qu’il faut étudier en tant que tel.

  1. Le lieutenant-général James N. Mattis et le lieutenant-colonel Frank Hoffman dans une publication de l’US Naval Institute, Future Warfare: The Rise of Hybrid Wars. Les deux militaires américains ont réutilisé ce concept utilisé par William J. Nemeth dans Future war and Chechnya : a case for hybrid warfare (2002), où l’auteur a étudié en détail le séparatisme tchétchène des années 90.
  2. Le terme de puissance mêle un ensemble de leviers permettant à un État de faire valoir sa souveraineté et, en partie, sa primauté, dans un ensemble de domaines. Pour en savoir plus, on peut consulter « Géopolitique – La puissance. Quels sont ses fondamentaux ? » sur le site du Diploweb : https://www.diploweb.com/Geopolitique-La-puissance.html
  3. Ce qui est rappelé dans la « doctrine Gerasimov », du nom du général de l’armée russe ayant écrit l’article « The Value of Science in the Foresight. New Challenges Demand Rethinking the Forms and Methods of Carrying out Combat Operations » paru en 2014. Il critique l’avancée des Occidentaux en Europe, leurs méthodes.
  4. Traduit du document original de 2005 : US Naval Institute, Future Warfare: The Rise of Hybrid Wars, lieutenant-général James N. Mattis, lieutenant-colonel Frank Hoffman.
  5. Pour Victor Davis Hanson dans The Western Way of War (1989), le combat des hoplites grecs consacre le sacrifice, le courage, et la bataille rangée au détriment de la ruse et de la surprise, jugés négativement. Sa thèse est que l’Occident n’est pas vraiment sorti de ce modèle, de Clausewitz à la Seconde Guerre mondiale…

 

André Beaufre,  (général) Introduction à la stratégie, Fayard/Pluriel (1963/2012), Domont.

Basil Henry Liddell Hart, Strategy, New York, Greenwood Publishing Group, 2e  édition (1e : 1954).

Damien Van Puyvelde, « La guerre hybride existe-t-elle vraiment ? », in Revue de l’OTAN, (2015), en ligne [Consulté le 08/11/2017]

https://www.nato.int/docu/review/2015/Also-in-2015/hybrid-modern-future-warfare-russia-ukraine/FR/index.htm

Elie Tenenbaum, « Le piège de la guerre hybride », Focus Stratégique n°63., IFRI, (2015) , en ligne [Consulté le 20/02/2018]

https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/fs63tenenbaum_1.pdf

Georges-Henri Soutou,« Editorial », in Stratégique. Hybridité et guerre hybride, Institut de Stratégie Comparée, (2016), 111/1, p.7-9.

Joseph Henrotin, Techno-guérilla et guerre hybride : Le pire des deux mondes, Nuvis (2014).

James N. Mattis (général), Frank Hoffman (colonel), Future Warfare: The Rise of Hybrid Wars, Proceedings, US Naval Institute, (2005), vol. 131, n° 11, p. 18-19, en ligne [Consulté le 20/02/2018]

http://milnewstbay.pbworks.com/f/MattisFourBlockWarUSNINov2005.pdf

Joseph Henrotin, « Introduction générale – La guerre hybride comme avertissement stratégique », in Stratégique. Hybridité et guerre hybride, Institut de Stratégie Comparée, (2016), 111/1, p.11-31.

Nicolás De Pedro, Panagiota Manoli, Sergey Sukhankin, Theodoros Tsakiris, Facing Russia’s strategic challenge : Security developments from the Baltic Sea to the Black Sea, Parlement européen, Belgique, (2017).

Pascal Marchand, Atlas géopolitique de la Russie. Le grand retour sur la scène internationale, Autrement, (2015).

Valery Gerasimov, « The Value of Science in the Foresight: New Challenges Demand Rethinking the Forms and Methods of Carrying out Combat Operations », in Military Review, 2016, p.23-29.