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Nicaragua, Terre de Révolutions

Nicaragua, terre de révolution. Illustrations de Maya Racca.

Leo Lamotte (rédacteur), Maya Racca (artiste)

Depuis mi-avril, plus de 130 Nicaraguayens ont trouvé la mort sous le joug d’une répression gouvernementale aux airs de déjà-vu sur le continent latin. Daniel Ortega, à la tête du pays depuis douze ans sans interruption, réprimait alors des manifestations étudiantes allant à l’encontre de son projet de réforme de la sécurité sociale. Presque deux mois après le début des manifestations, la crise continue, marquée par une exaspération grandissante du peuple nicaraguayen et par un double jeu apparent du chef d’État, qui promet le dialogue d’un côté mais écrase le désaccord de l’autre. À l’heure où la liste des défunts s’allonge encore, quel avenir prédire pour le Nicaragua ?

 

Histoire politique du Nicaragua — Daniel Ortega, du révolutionnaire sandiniste au despote maladif

 

Aux fondements de la crise nicaraguayenne actuelle se trouve l’autoritarisme de Daniel Ortega, une figure paradoxale au regard de l’histoire politique du pays centraméricain. Le Nicaragua, découvert en 1502 lors de la quatrième expédition de Christophe Colomb, devient indépendant de l’Espagne en 1821 pour former, 17 ans plus tard, une république autonome débarrassée de la tutelle des Provinces unies d’Amérique centrale1. Cette autonomie ne dure pourtant qu’un temps puisque, dès 1909, les États-Unis, intéressés par les ressources du pays, décident d’y intervenir militairement. S’ensuit alors une phase d’occupation nord-américaine qui prendra officiellement fin en 1933, date à laquelle est rapatriée la totalité des troupes états-uniennes, aux prises avec des rebelles menés par le général Augusto César Sandino, héros national surnommé le « Général des Hommes Libres »2. Mais les États-Unis n’abandonnent pas pour autant leur politique d’ingérence et créent la Garde nationale du Nicaragua, un nouveau corps d’armée qu’ils financent afin de conserver leurs intérêts dans le pays centraméricain. C’est ainsi qu’en 1934 le général Sandino est assassiné par ordre de Anastasio Somoza García, alors chef de la Garde nationale et qui organise, deux ans plus tard, un coup d’État le propulsant à la tête du pays. La dictature somoziste commence alors au Nicaragua, et se prolonge même après la mort dudit Somoza, en 1956, date à laquelle ses deux fils lui succèdent successivement.

 

C’est dans ce contexte qu’apparaît pour la première fois Daniel Ortega, lorsqu’il se joint au Front sandiniste de libération nationale (FSLN) en 1963. Au fil des ans, ce groupuscule gagne en importance — en dépit de divisions internes — si bien que le FSLN est considéré, lors du renversement de la dictature en 1979, comme le meneur de l’insurrection populaire. En 1981, Daniel Ortega devient ainsi le coordinateur de la Junte du gouvernement de reconstruction nationale3 pour, trois ans plus tard, être élu Président. Ce premier mandat s’achève en 1990, quand l’opposition remporte les élections, mais Ortega reprend tout de même la Présidence du pays en 2006, entamant alors un deuxième mandat qui se renouvellera par deux fois grâce à une modification de la Constitution en 2013. Une réforme non seulement nécessaire à sa réélection mais également autoritaire, à l’image de son gouvernement depuis lors. Car le sandinisme qu’il revendique semble bien loin de la réalité, en témoigne Fidel Ernesto Narváez, avocat et professeur de droit constitutionnel à l’Université polytechnique du Nicaragua (UPOLI), qui a accepté de répondre aux questions d’Unsighted.  
Il y a deux ans, après avoir passé son doctorat en Europe, ce professeur nicaraguayen décide de retourner travailler dans son pays, où il conduit des recherches en matière constitutionnelle et au verdict alarmant : « Les citoyens ne se sentent plus identifiés à la Constitution de 1987, qui s’est faite avec le sandinisme. Ils sentent qu’il y a une rupture de la légalité, c’est-à-dire que personne ne respecte la loi, ni la police, ni le Président, ni les députés. » Selon lui, seule « la loi du plus fort » prévaut, un scénario parfait pour que se déploie la mainmise d’Ortega sur le pays, traversant ainsi une « dérive néofasciste » où la supposée sortie de la pauvreté du peuple passe par l’influence grandissante des intérêts privés, incarnés par le COSEP (Conseil supérieur de l’entreprise privée) et les États-Unis, en témoigne la hausse des inégalités durant ces dernières années4. Pour Narváez, Ortega, tout comme sa femme Rosario Murillo — qui devient vice-présidente du pays en 2017 — souffrent d’une « une pathologie répandue au Nicaragua : ils se sentent indispensables au fonctionnement du pays ». Leur but ne serait ainsi autre que « d’établir un nouveau régime monarchique » au Nicaragua.

Nicaragua, terre de révolution. Illustrations de Maya Racca.

Dans un tel contexte, il ne faut pas attendre longtemps pour qu’éclatent des manifestations après l’annonce d’une réforme de la sécurité sociale prévoyant, entre autres choses, une hausse des cotisations ainsi qu’une baisse de 5 % des pensions versées aux retraités. À cet égard, Noelia Gutiérrez, rédactrice pour un journal national, confie à Unsighted : « Ce qui a causé le plus d’indignation dans la population, c’est qu’ils retirent une partie de la pension mensuelle rachitique que reçoivent les personnes âgées pour pallier la faillite de l’INSS [Institut national de la sécurité sociale] que ses propres fonctionnaires ont créée. » Le 18 avril, lorsque l’annonce de la réforme est confirmée par sa publication dans le quotidien officiel du pays, La Gaceta, les étudiants prennent donc la rue. À noter toutefois, comme le souligne Noelia Gutiérrez, que la situation s’était déjà envenimée quelques jours auparavant : le 13 avril, un groupe d’universitaires protestait pour que le gouvernement contrôle l’incendie qui ravageait la réserve biologique Indio Maíz, au sud du pays. En raison de ces manifestations, le gouvernement organise une contremarche à laquelle participe des jeunes partisans du gouvernement, tandis que les autres « sont poussés et frappés par des agents anti-émeutes ».

 

Déroulé des manifestations — Témoignage de Fidel Ernesto Narváez

 

Fidel Ernesto Narváez s’est retrouvé au milieu de ce conflit dès ses premiers instants, et a accepté de partager son histoire avec Unsighted. De fait, le 18 avril, M. Narváez se trouve à l’Université centraméricaine du Nicaragua (UCA), où débutent les protestations étudiantes.

 

« J’étais en train de soutenir une manifestation contre la réforme de la sécurité sociale, quand la police et la Jeunesse sandiniste nous répriment violemment. Ils commencent à nous frapper, à nous envoyer des pierres, ils utilisent des matraques, des Tasers. (…) Les étudiants rentrent donc dans l’université pour se défendre, car le principe d’autonomie universitaire empêche que les policiers entrent dans l’université. Mais la Jeunesse sandiniste, elle, le peut, car ce sont des civils. (…) On commence alors à se défendre et, en utilisant les pierres qu’ils nous lançaient, on ripostait. C’est à ce moment que la peur a changé de camp. (…) Plus tard, je sors de l’université, avec mon épouse et six autres personnes, dans une voiture, avant que se lève le jour pour ne pas se faire tuer. »

 

Le lendemain et à la suite de ces violences, les étudiants de l’UPOLI, une université entourée de quartiers populaires où enseigne M. Narváez, se joignent au mouvement de protestation. Lorsque les portes de leur université leur sont fermées, les étudiants demandent de l’aide à leur professeur qui, derechef, se retrouve en première ligne du conflit.

 

« On était entre 30 et 40 (…), et je savais déjà que, dans ce quartier, il y a une conscience sociale très forte. Quand la police arrive pour réprimer les protestations, on prend donc tout le quartier, on construit des barricades non seulement avec les étudiants, mais aussi avec les habitants de ce quartier. (…) Mais comme les étudiants n’avaient jamais connu une répression de cette magnitude, beaucoup se replient, et nous ne sommes plus que quelques uns sur la ligne de front. À ce moment-là, je vois un policier qui tire sur un de mes amis, qui était à côté de moi. Il lui tire dans le cou, et le tue. (…) Il lui détruit le cou, littéralement. Alors, je veux le lever, avec un autre ami, mais il pesait des tonnes. C’était comme une mort instantanée et, comme on ne peut pas le soulever et que la police continue à nous tirer dessus, on le traîne et on le sort de là. (…) On continue à se défendre, mais on se retranche dans l’université. On était environ 12 personnes dans l’université cette nuit-là. »

 

À partir de ce moment, les autres universités se solidarisent au mouvement, obligeant les forces de police à se diviser sur plusieurs fronts. La répression continue, dans toutes les universités, et M. Narváez se rend compte du sérieux de la situation car les Nicaraguayens ne tolèrent plus ce gouvernement qui ne semble pas prêt à dialoguer avec eux, mais seulement avec le COSEP — le « grand capital » — qui refuse la proposition de dialogue d’Ortega et exige la fin de la répression. En d’autres termes, le gouvernement se retrouve de plus en plus isolé : l’Église catholique s’en distancie, la communauté internationale se prononce et certains sandinistes, de ceux qui ne supportent pas Ortega, abandonnent le parti. Le dimanche 22 avril, Daniel Ortega annule donc la réforme de la sécurité sociale et appelle à un dialogue, avec l’Église comme médiateur entre le gouvernement et différents acteurs de la société civile. Pourtant, les actes trahissent le discours.

 

« Le 22, j’arrive à l’UPOLI dans la nuit et je vois beaucoup de personnes. Je vois des infiltrés du gouvernement, car je suis avocat, et je sais comment opère le gouvernement, j’ai mené beaucoup de cas contre ce dernier. (…) Donc, quand j’arrive, les attaques commencent, mais impossible de savoir d’où elles viennent. Je voyais seulement les étudiants tomber à mes côtés, mais il n’y avait pas de policiers. Je me suis rendu compte qu’il y avait des personnes armées à l’intérieur de l’université qui tiraient dans le dos sur les étudiants, qu’il y avait des francs-tireurs également. »

Nicaragua, terre de révolution. Illustrations de Maya Racca.

Après que les étudiants eurent capturé deux infiltrés du gouvernement, M. Narváez décide de publier une vidéo pour informer du massacre qui avait lieu à l’UPOLI.

 

« Car c’était un vrai massacre, il y avait une salle remplie de blessés, il y avait des morts. Tout sort de contrôle, et tout le monde commence à s’armer, parce que ce n’est pas possible d’appeler à un dialogue et de perpétrer un massacre dans une université ensuite. (…) À partir de là, ce n’est plus une question de loi, c’est une question de dignité humaine. Toujours est-il, je m’occupe des blessés, je cherche les francs-tireurs pour les capturer et, au milieu de tout ça, mon épouse m’appelle et me dit : « Fidel, sors de l’UPOLI, parce qu’on dit sur les réseaux sociaux que tu es un infiltré du gouvernement. » Au début, ça m’a fait doucement rire, et je ne le prenais pas au sérieux. Je laisse mon portable à charger, et quand je reviens, je vois que j’ai des centaines de messages et d’appels et que, dans toute l’université, ils cherchent un Fidel Narváez. » 

Narváez révèle alors son identité à ceux qui le recherchent, mais personne présent à ce moment dans le bâtiment central de l’université — où se trouvent ses élèves et certains de ses amis —  ne veut lui nuire au vu de son implication dans le conflit depuis le premier jour. Toujours est-il qu’il réalise que « c’était quelque chose de travaillé, et mon instinct me disait que le gouvernement, qui savait que j’étais là-bas puisque j’avais publié cette vidéo, voulait ma mort. (…) Il voulait que les étudiants me tuent pour les blâmer ensuite d’avoir tué un professeur ». Suivant les conseils d’un ami, il se réfugie alors dans une salle, seul, en attendant de pouvoir quitter l’université. Il est rejoint par Francisco Telémaco Talavera, président du Conseil national des universités (CNU), supposément venu pour aider, mais dont la présence n’est pas désirée dans l’enceinte de l’université — en tant qu’employé du gouvernement et en faveur de ce dernier. M. Narváez imagine alors son évasion, et sort de l’université dans une ambulance, en compagnie d’un médecin et de M. Talavera, pour que ni la police, ni les étudiants, ne puissent lui faire du mal.

 

Sain et sauf, il se cache quelques jours avec son épouse dans un village aux alentours de Managua avant d’émigrer au Costa Rica, où il est resté depuis, aidant son pays à distance faute de pouvoir y retourner, puisque tant le gouvernement que les étudiants pourraient mettre fin à ses jours. M. Narváez s’envole d’ailleurs bientôt pour l’Europe et sa Caravane de solidarité internationale avec le Nicaragua pour sensibiliser la communauté internationale à la crise nicaraguayenne. Car la crise perdure aujourd’hui encore, et les trente morts dont faisait état le Centre nicaraguayen des droits de l’homme le 23 avril sont devenus 146 le 12 juin, aux côtés desquels se comptabilisent plus de 1 300 blessés.

 

La journaliste Noelia Gutiérrez, bien qu’elle se sente libre lorsqu’elle couvre « les bleus et blancs »5, c’est-à-dire les acteurs de l’insurrection populaire, ne reçoit aucune information de la part des institutions publiques, un état de fait qui dure depuis plusieurs années déjà. Si elle n’a jamais été attaquée personnellement, elle avoue ressentir parfois de la peur, d’autant plus que « plusieurs [de ses] collègues ont été attaqués alors qu’ils couvraient des attaques contre des manifestants, perpétrées par des agents anti-émeutes et par des groupes d’autodéfense proches du gouvernement ».

 

Quel avenir pour le Nicaragua ?

 

L’une des premières ruptures observables quant au futur de ce pays centraméricain concerne le rôle de Daniel Ortega. Si la quasi-totalité de la société nicaraguayenne semble s’accorder sur l’inévitabilité de son départ, lui souhaite rester au pouvoir, en témoigne, il y a peu, son offre à destination des États-Unis d’avancer les élections présidentielles, initialement prévues pour 2021. Une nouvelle fois, le chef d’État trahit son allégeance sandiniste en cherchant un allié chez son ennemi d’antan qui, de son côté, a décidé de sanctionner, ce 7 juin, des fonctionnaires du gouvernement de Daniel Ortega au travers de restrictions de visa.

 

Aussi, si Ortega n’imagine pas sortir du pouvoir, il demeure évident que le pays est voué à changer, avec ou sans lui. Pour M. Narváez, il faut refonder l’état nicaraguayen, et cela doit d’abord passer par la création d’une nouvelle Constitution. Toutefois, au vu de la dérive du FSLN d’Ortega, il convient de s’interroger sur le rôle à donner au sandinisme dans un tel processus, ce à quoi M. Narváez rétorque que le sandinisme doit en partie changer : il s’agit de « réactualiser le sandinisme » et ses principes de souveraineté économique et territoriale qui, s’ils sont bien maniés, peuvent profiter non seulement au Nicaragua, mais aussi aux autres pays. Depuis cette perspective, la communauté internationale joue pour lui un rôle clef afin qu’une « nouvelle génération de Nicaraguayens puisse donner l’exemple (…), pour que le Nicaragua puisse devenir une sorte d’idéal de résistance, de rébellion » nécessaire tant aux pays en développement qu’aux pays développés pour regagner leur souveraineté, « qui est celle que, dans ce XXIe siècle, nous sommes en train de perdre ».

 

Les enjeux derrière cette crise semblent bel et bien dépasser les frontières du pays centraméricain, se déployant en matières politique et philosophique. Car les dérives du sandinisme d’Ortega allongent de fait la liste des gouvernements de gauche qui, en Amérique Latine, ont tendu vers l’autoritarisme, en témoignent tant Cuba que le Venezuela. Or, ces trois pays traversent aujourd’hui et ensemble de profondes mutations : la nomination d’un nouveau Président à Cuba ainsi que les crises vénézuélienne et nicaraguayenne donnent une nouvelle teinte à l’héritage de Sandino au Nicaragua, et aux idéaux humanistes de Martí à Cuba et de Bolívar au Venezuela. Le Nicaragua offrira-t-il une nouvelle voie au socialisme latino-américain ?

  1. Aussi connu sous  le nom, dès 1824, de République fédérale d’Amérique centrale. Les Provinces en question étaient le Honduras, le Salvador, le Nicaragua, le Costa Rica, le Guatemala ainsi que le Chiapas, aujourd’hui une région du Mexique qui, après être devenus indépendants de l’Espagne le 15 septembre 1821.
  2. Devenue une figure mythique de la résistance au Nicaragua, l’histoire de Sandino entraîne l’émergence du sandinisme au Nicaragua, un mouvement politique de gauche se basant, entre autres choses, sur l’indépendance territoriale et l’anti-impérialisme.
  3. Gouvernement provisoire destiné à remplacer celui de Somoza jusqu’aux élections suivantes.
  4. Selon la Banque mondiale, l’Indice de Gini — indicateur mesurant la répartition des richesses dans une zone donnée, 0 signifiant une égalité parfaite et 100 son contraire — du Nicaragua est passé de 43,9 en 2009 à 46,2 en 2014. (Données les plus récentes disponibles)
  5. Référence aux couleurs du drapeau du Nicaragua.

 

– « Sandino ¿liberal, socialista o revolucionario? », El Nuevo Diario (2004), https://web.archive.org/web/20080612142649/http://archivo.elnuevodiario.com.ni/2004/mayo/19-mayo-2004/opinion/opinion3.html

– Jesús Ceberio, « Sandino, un general de hombres libres », El País (1984), https://elpais.com/diario/1984/02/22/internacional/446252408_850215.html

– Fabrice Le Lous, « El origen del poder de Ortega », La Prensa (2016), https://www.laprensa.com.ni/2016/07/17/suplemento/la-prensa-domingo/2068840-el-origen-del-poder-de-ortega

– Reforma que permite la reelección de Daniel Ortega entra en vigor en Nicaragua, La Nación (2014), https://www.nacion.com/el-mundo/politica/reforma-que-permite-la-reeleccion-de-daniel-ortega-entra-en-vigor-en-nicaragua/KNY7FZDD4BGE3FKWNI5HHLF6PM/story/

– Jorge Eduardo Arellano, « La Nicaragua de los Somoza: ¿fraude historiográfico? », El Nuevo Diario (2015), https://www.elnuevodiario.com.ni/opinion/363894-nicaragua-somoza-fraude-historiografico/

– « Nicaragua (1909 — Present) », University of Arkansas, Political Science,

 

 http://uca.edu/politicalscience/dadm-project/western-hemisphere-region/nicaragua-1909-present/

– Carlos Salinas, « La patronal de Nicaragua rompe con Ortega », El País (30/05/2018), https://elpais.com/internacional/2018/05/30/america/1527694935_767705.html

– Carlos Salinas, « Daniel Ortega endurece la represión en Nicaragua pero se dice dispuesto a negociar », El País (29/05/2018), https://elpais.com/internacional/2018/05/29/actualidad/1527572431_549057.html

– Carlos Salinas, « El presidente de Nicaragua anula la polémica reforma de la Seguridad Social acosado por las protestas », El País (23/04/2018), https://elpais.com/internacional/2018/04/22/actualidad/1524431569_880896.html

– Sara Velert, « “Ortega no actúa con voluntad real de diálogo, sería un error confiar en él” », El País (30/05/2018), https://elpais.com/internacional/2018/05/30/actualidad/1527701222_134809.html

– Sergio Ramírez, « Los nietos de la revolución », El País (30/05/2018), https://elpais.com/elpais/2018/05/29/opinion/1527603461_596779.

– Carlos Salinas, « Ortega desata la violencia en Nicaragua tras el fracaso de las negociaciones », El País (24/05/2018), https://elpais.com/internacional/2018/05/24/america/1527170180_287606.html

– AFP, « El gobierno de Nicaragua utiliza paramilitares para reprimir protestas », La Nación (31/05/2018), https://www.nacion.com/el-mundo/conflictos/el-gobierno-de-nicaragua-utiliza-paramilitares/RIOMGISUGJBS5MEWILXKPQVUF4/story/

– IACHR press release, « IACHR Adopts Precautionary Measure to Protect Monsignor Silvio José Báez Ortega in Nicaragua », OAS (31/05/2018), http://www.oas.org/en/iachr/media_center/PReleases/2018/122.asp

– Carlos Salinas, « Ortega propone a EE UU adelantar las elecciones en Nicaragua mientras sigue la violencia », El País (12/08/2018), https://elpais.com/internacional/2018/06/12/america/1528817974_063751.html

– Carlos Salinas, « Aumenta la tensión en Nicaragua en la cuarta jornada de protestas contra el Gobierno de Ortega », El País (23/04/2018), https://elpais.com/internacional/2018/04/22/america/1524366151_556411.html

– Sofía Chinchilla C., « Daniel Ortega anula polémica reforma acorralado por enfrentamientos », La Nación (22/04/2018), https://www.nacion.com/el-mundo/conflictos/daniel-ortega-anula-reforma-de-pensiones-que/LPXTZKQRBBCX7GJFFDJHGAMFWI/story/