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Le Vent Se Lève, le média qui veut reconstruire l’espace progressiste

Le Vent Se Lève (LVSL), le média qui veut reconstruire la gauche. Entretien avec Lenny Benbara et Jan Bédiat.

Peck Illustration (artiste) et la rédaction, avec les témoignages de Lenny Benbara et Jan Bédiat.

 

Unsighted prépare un long format sur le changement à l’oeuvre dans le paysage médiatique français. Un dossier construit sur plusieurs mois, pour décrypter les ressorts d’un secteur en plein bouleversement. Unsighted vous présente Le Vent Se Lève, le média qui veut reconstruire l’espace progressiste.

Le Vent Se Lève est un média en ligne indépendant fondé en décembre 2016 à l’initiative d’une quarantaine de jeunes bénévoles. Il s’agit d’une structure associative à but non lucratif dont le site Internet est en libre accès. Chacun peut venir y consulter gratuitement des articles d’opinion, engagés, argumentés et incisifs, qui sont publiés au rythme d’environ un par jour. Ce journal, politiquement marqué à gauche, entend reprendre les codes des réseaux sociaux pour mener son combat : « Tout reconstruire, tout réinventer ».

 

La genèse du projet

 

À l’origine de ce projet sont la frustration et l’énergie d’Antoine Cargoet, 20 ans, rédacteur en chef du journal. « Tout a démarré par une frustration, celle d’un manque de pluralisme », nous confie Lenny Benbara, 24 ans, directeur de la publication de Le Vent Se Lève. Antoine Cargoet voulait créer un média d’opinion pour défendre ses valeurs et sa conception du progrès. Il a alors contacté Lenny. Ces deux militants, encore étudiants, ont alors fusionné leurs réseaux, fédéré leurs plumes, pour construire un projet qui avance étape par étape, au gré des succès. Ces derniers invitent à se fixer de nouveaux objectifs, plus ambitieux.

Lenny Benbara reconnaît qu’il y avait, dès le départ, la volonté de jouer un rôle lors des élections présidentielles de 2017. Il n’y avait pas toutefois l’ambition d’en faire un projet professionnel. Il s’agissait d’une activité militante, que chacun conduisait en marge de ses études. Aujourd’hui, les choses ont évolué. Un an après leur lancement, Le Vent Se Lève a levé 23 000 € lors de sa campagne de financement participatif sur Kiss Kiss Bank Bank. Parti d’un simple WordPress1, le projet réunit aujourd’hui plus de 26 000 personnes sur Facebook et a enregistré 3 millions de visites en 2017. De quoi nourrir de nouvelles aspirations. « On avance et on verra, explique Lenny. Mais il y a le rêve d’avoir des bureaux et tout ce qui va avec. » 

Le Vent Se Lève (LVSL), le média qui veut reconstruire la gauche. Entretien avec Lenny Benbara et Jan Bédiat.
Salomé Saqué, rédactrice vidéo.

L’ambition de reconstruire la gauche

 

Cette ambition se retrouve dans la rhétorique des membres de la rédaction, souvent proche du lexique du combat. Ces derniers n’ont pas peur d’employer des termes forts. Le manifeste du projet le définit comme « un média dans la guerre de position ». « Notre projet s’annonce comme une entreprise de reconquête », écrivent-ils. Celle-ci part d’un constat : celui de ce qu’ils appellent « l’hégémonie du néolibéralisme » et de la défaite historique des forces de progrès. Les jeunes journalistes regrettent que les médias français soient aux mains d’une poignée de fortunes, dont l’influence nuit à la démocratie. Il est vrai que, comme nous le rappelions dans notre édito, moins d’un français sur trois considère que les médias sont indépendants des pressions politiques et de l’argent. C’est pour donner une nouvelle voix à une parole de gauche, que Le Vent Se Lève considère « expropriée de l’espace public », que le bureau de l’association et ses contributeurs mènent cette bataille.

Le combat politique n’est pas le seul motif de la création du journal. « Intellectuellement, on l’a fait pour d’autres raisons », admet Lenny. Il y a également, derrière Le Vent Se Lève, « l’ambition de raviver l’importance du champ intellectuel ». Il s’agit alors de s’inscrire dans cette ligne de crête : parvenir à parler à tout le monde tout en essayant de régénérer le champ intellectuel. Traduire des questions intellectuelles en termes simples.  

 

Reprendre les codes des réseaux sociaux

 

C’est pourquoi Le Vent Se Lève a privilégié un format pour le plus grand nombre. Dès le début, le bureau de l’association a « restreint tous les contributeurs à faire des articles courts », commente Jan Bédiat, responsable de la rubrique écologie.

Mais ce sont les réseaux sociaux qui constituent le coeur de la stratégie de Le Vent Se Lève. C’est là qu’il faut « mener la bataille », selon Lenny. « Il faut aller gagner les gens, leur parler dans des termes qu’ils comprennent, ne pas être dans le nombrilisme. » Ils reprochent à leur camp, celui de la gauche, progressiste, radicale, la difficulté à se rapprocher du sens commun. C’est essentiellement autour de sa page Facebook que Le Vent Se Lève concentre sa communication, contrairement à de nombreux médias qui privilégient la newsletter et Twitter. C’est là que s’articule la démarche d’aller vers l’autre, pour « sortir de l’entre-soi militant », éviter de se complaire dans une sphère minoritaire et aller toucher un lectorat plus large. 

Le Vent Se Lève (LVSL), le média qui veut reconstruire la gauche. Entretien avec Lenny Benbara et Jan Bédiat.
Maëlle Gélin, responsable de la rubrique culture de Le Vent Se Lève.

Le lien avec les lecteurs

 

Un lectorat qui tend à devenir de moins en moins jeune. Au départ, Le Vent Se Lève séduisait en grande majorité des jeunes de 18 à 34 ans. Aujourd’hui, ces jeunes des milieux urbains, ayant fait des études supérieures, ne représentent plus que 50 % de leur base de lecteurs. Les personnes âgées de plus de 45 ans en représentent près d’un quart. Et « ce ne sont pas forcément des gens de notre bord politique », assurent-ils. Aller vers l’autre, tisser des liens forts avec leurs lecteurs, une volonté dans l’ère du temps, commune à de nombreux nouveaux médias, comme L’imprévu. « Il y a un jeu avec nos lecteurs », confirme Jan et Lenny. Beaucoup de leurs contributeurs sont d’ailleurs d’anciens lecteurs.

La volonté de créer du lien s’étend aussi en dehors de nos frontières. En effet, Le Vent Se Lève entretient des liens étroits avec des personnalités comme Chantal Mouffe, des intellectuels membres de Podemos et d’autres médias européens. Cette ouverture sur l’étranger permet d’apporter des contenus originaux à leurs lecteurs en France, de créer une émulation intellectuelle et de mettre en relation des personnes d’horizons divers.
« Le Vent Se Lève est une aventure journalistique et intellectuelle », synthétisent-ils. Une aventure qui entre dans sa deuxième phase grâce à l’argent récolté par leur campagne de crowdfunding. Celle-ci leur permet d’envisager de nouveaux projets, dont certains ont déjà vu le jour. Le média a récemment lancé son émission « L’Œil de Bruxelles ». Dans la lignée de cette initiative pour élargir le débat politique, Le Vent Se Lève promet également de créer une « Université d’été », un cadre dans lequel seront organisés des débats ouverts à tous. La rédaction projette également de lancer une revue trimestrielle papier. Celle-ci contiendra des contenus exclusifs, avec des articles inédits et des entretiens de fond.

  1. WordPress est une plate-forme en ligne permettant de créer, en quelques clics, son propre site Internet, grâce à des gabarits et une structure de mise en ligne d’informations très simple d’utilisation.